Cercles mégalithiques

Un millier de cercles de pierres dressées sont recensés au Sénégal et en Gambie, dont moins de 10% ont fait l’objet d’explorations archéologiques depuis environ 150 ans. Quelques dizaines seulement ont fait l’objet d’études plutôt détaillées, correctement publiées dans des ouvrages ou des revues scientifiques. La petite dizaine de ces monuments fouillés dans le cadre du programme SEPSEN conduit à un véritable changement de paradigme dans l’interprétation de telles ruines mégalithiques. Nous savons désormais que ces monuments furent bâtis à l’image d’une maison des morts, ou autel des ancêtres, comme d’autres exemplaires existaient en matière périssable dans toute l’Afrique de l’Ouest, il y a moins de cinquante ans encore. Cette phase de monumentalisation intervient à l’occasion de grandes funérailles dans le cadre de rites funéraires différés, souvent en trois temps successivement, qui comprennent d’abord la mise au tombeau, puis de grandes fêtes publiques, avec un peu plus tard encore des rites conduisant à une ancestralisation du défunt. Ces trois temps ont été reconnus au travers de la lecture stratigraphique des vestiges archéologiques. Le premier correspond à la séquence des pratiques sépulcrales au sein de chambres funéraires enterrées, le second à la mise en  place d’une architecture en élévation, et le troisième à des dépôts céramiques en façade peut-être aussi associés à la mise en place des certaines au moins des pierres frontales (Laporte et al. 2017).

Image6 – Relevé photogrammétrique du cercle mégalithique n°XIV au sein de la nécropole de Wanar (Sénégal). Réalisation J.-B. Barreau (UMR 6566).

Les dates radiocarbone disponibles suggèrent que ces architectures furent bâties principalement entre le 11e et le 13e  siècle de notre ère, parfois à l’emplacement de sépultures ou de cimetières dont certains pourraient avoir été en activité dès le 7e ou 8e siècle de notre ère. D’autres types de monuments associés à des pierres dressées pourraient être un peu plus récents, jusqu’au 15e siècle de notre ère (Laporte et al. 2022). La répartition des cercles mégalithiques montre qu’ils sont beaucoup plus nombreux à l’ouest de l’aire du mégalithisme sénégambien, en particulier dans une zone délimitée par les cours moyens du Bao Bolon et du Nianija Bolon, sur la rive nord du fleuve Gambie. La nécropole de Sine Ngayene, dans le bassin du petit Bao Bolon, est celle qui comprend le plus de cercles mégalithiques, avec 52 monuments. D’autres sites ne comportent qu’un ou deux cercles mégalithiques. Au sein de chaque nécropole, certains des cercles mégalithiques semblent souvent constituer comme une façade monumentale le long d’une route ou d’une voie de circulation aujourd’hui disparue. Les grands tumulus, en revanche, occupent plutôt une position périphérique.