La pierre en lyre de Soto

Les pierres bifides sont composées de deux branches montantes réunies sur un même socle qui ancre le monolithe dans le sol. On doit au docteur Jouenne (1918) le terme de pierre en lyre, employé lorsque ces deux branches montantes sont réunies par un tenon. Le tenon est situé, le plus souvent, au niveau du tiers supérieur de la hauteur des branches montantes. Quarante-sept pierres bifides ont été répertoriées, dont trente pierres en lyre. Elles sont associées à au moins 29 monuments différents, principalement des cercles mégalithiques. Elles se répartissent sur 22 sites distincts, tous situés dans l’aire centrale et occidentale du mégalithisme sénégambien. La plupart des sites ne comptent qu’une seule pierre bifide et plus rarement deux, trois ou quatre au maximum.

D – Extraction d’une pierre en lyre à Soto en 1966 (Archives C. Descamps)

Près de Kaffrine, à Soto, se tenait l’une des très rares pierre en lyre qui ne soit pas associée à un cercle mégalithique, parmi celles inventoriées par V. Martin et C. Becker. Aujourd’hui exposée au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, à Paris, cette pierre en lyre se tenait en façade orientale de ce qui n’apparaissait plus aujourd’hui dans le paysage que comme une petite éminence de tout au plus 50 cm de haut. Elle fut extraite en 1966, ainsi que deux autres pierres en lyre aujourd’hui présentées au Musée de Gorée, pour celle extraite à Djigui Tioker (également au sud de Kaffrine), ou dans les jardins du Musée de l’IFAN (après avoir été déplacée devant le Musée Dynamique) pour celle extraite à Keur Ali Ngane. Le témoignage oral de quelques habitants âgés du village de Soto nous a permis d’en retrouver l’emplacement, plus précisément.

E – Pierres en lyre respectivement exposées au Musée de Gorée (provenance : Djigui Tioker), et dans les jardins du Musée de l’IFAN (provenance : Keur Ali Ngane), au Sénégal. (Cl. A. Delvoye et L. Laporte).

De larges décapages archéologiques ont alors permis d’identifier une fosse qui porte effectivement les stigmates de cette extraction, à partir des niveaux supérieurs, mais également ceux relictuels d’une structure de calage, un peu plus bas dans la stratigraphie et en liaison avec de larges épandages de gravillons latéritiques, comme souvent au pied des pierres frontales du mégalithisme sénégambien. La pierre en lyre se tenait quelques mètres seulement à l’est d’un vaste monument aujourd’hui disparu, lui-même ceinturé par un fossé périphérique de 30 m de diamètre. Il reste difficile de préciser si la pierre en lyre était strictement associée à ce monument, ou si ce dernier a totalement détruit un cercle mégalithique préexistant.

F – Fosse d’extraction et d’implantation de la pierre en lyre de Soto. DAO L. Quesnel et L. Laporte, Cliché L. Laporte.