Les tumulus de terre ou « mbanaar »

Les tumulus sont des accumulations de terre, plus ou moins élevées, qui indiquent des tombes. Ceux de faible hauteur sont associés aux traditions funéraires Sereer et désignés sous le nom de lomb; leur édification ou leur vénération n’a pas encore totalement disparue. L’autre catégorie de tumulus est désignée sous le nom de mbanaar par les Wolof et de podom par les Sereer qui les attribuent aux Sose. Les fouilles les plus importantes ont été effectuées par Joire et Duchemin, entre 1941 et 1942 qui ont porté sur 21 monuments dont 12 à Ngigeela et 9 à Massar, près de 20 km au sud de Saint-Louis (Joire 1955). Elles ont permis la mise au jour d’un mobilier particulièrement impressionnant. C’est ainsi que furent découverts un anneau et un collier en argent, 38 petits anneaux, un pendentif et une plaque en or d’un poids de 191 grammes, qualifié de pectoral et joyau des collections archéologiques de l’IFAN. Il pourrait dater du 13e siècle, et rend compte de techniques d’orfèvrerie plutôt attestées au Maghreb au cours de cette période. La fouille du tumulus de Ndalane, en 1971 et 1972, a également livré six perles tubulaires en or, deux perles en cornaline, des grelots et quelques objets en fer ou en cuivre (Thilmans, Descamps 2006). L’une des plus vastes nécropoles est située à Kael, près de Mbacké, où le tumulus  du Wago Fall mesure 9 m de haut et 60 m de diamètre.

Image 2 – L’un des tumulus de la nécropole du Wago Fall, à l’occasion des relevés topographiques et des prospections géophysiques réalisées par le projet de recherche archéologique SEPSEN en 2016. Cliché L. Laporte.

Cette nécropole a fait l’objet de prospections géophysiques menées par différentes équipes, françaises et allemande, et de quelques sondages. L’aire d’extension de ces tumulus de terre s’étends au sud de la vallée du Saloum et recouvre partiellement l’extension la plus septentrionale des monuments mégalithiques. Certains de ces tumulus de terre sont alors parfois associés à des pierres dressées en position frontale à l’est. C’est notamment le cas du tumulus fouillé par A. Gallay à Sinthiou Kohel, où une maison funéraire en matière périssable fut probablement édifiée sur le fond d’une large fosse au comblement tumulaire, recevant d’abord les corps de deux individus inhumés simultanément, puis d’un troisième ainsi que la dépouille d’un chien (Gallay et al. 1982 ; Cros et al. 2013). Nos propres travaux menés à Soto entre 2017 et 2019, près de Kaffrine, ont porté sur le tumulus qui était associé à une pierre en lyre aujourd’hui exposée au musée du quai Branly, à Paris.

Bibliographie  :

Les titres produits dans le cadre du projet SEPSEN sont répertoriés dans un onglet séparé.

GALLAY, A., PIGNAT, G., CURDY, P. (1982) – Mbolop Tobé (Santhiou Kohel, Sénégal) : contribution à la connaissance du mégalithisme sénégambien. Archives suisses d’anthropologie générale (Genève) 46 (2), p. 217-259.
JOIRE J. (1955) – Découvertes archéologiques dans la région de Rao (Bas-Sénégal). Bulletin de l’Institut français d’Afrique noire, série B, sciences humaines 3/4, p. 249-333.
THILMANS, G., DESCAMPS, C. (2006) Fouille d’un tumulus à Ndalane (région de Kaolack, Sénégal). In : Descamps, C. & Camara, A. (eds.), Senegalia : études sur le patrimoine ouest-africain : hommage à Guy Thilmans. Sépia, Saint-Maur-des-Fossés, p. 235-238.