Monument 70

Le monument 70 de la nécropole mégalithique de Tiékène-Boussoura fait partie des monuments fouillés ces quatre dernières années par le programme SEPSEN. C’est un tumulus-pierrier dont les résultats de l’excavation alimentent une thèse de doctorat en préparation à l’université de Rennes (France). Catégorie de monument très peu fouillée à l’échelle du mégalithisme sénégambien (deux seulement renseignés à la suite d’excavations), le monument apporte des résultats inédits dans la diversité des pratiques et architectures funéraires mégalithiques annoncées (Thilmans et al. 1974 ; 1975 ; 1980).

Figure 1 – La ruine du monument 70 de la nécropole de Tiékène-Boussoura. Cliché L. Laporte

Le tumulus-pierrier se caractérise dans son apparence extérieure par une surface hérissée, faite de petits blocs de pierres de forme ovoïde  et de gravillons latéritiques. Il a un diamètre de 4 m environ et une hauteur ne dépassant guère le mètre. Dépourvu de pierres frontales occidentales en association, un tas arrondi de blocs latéritiques au centre de la ruine monumentale, signalait la portion la plus visible de l’architecture tumulaire restante. Cet arrondi formait la partie sommitale d’un tertre plus étalé et recouvert d’une couche de gravillons sur laquelle reposaient des nodules latéritiques dispersés en vrac (fig.1). Les blocs latéritiques étaient plutôt superficiels et le démantèlement de la couche peu épaisse sur laquelle ils jonchaient, ne révèle aucune assise en profondeur. Ce démantèlement a plutôt permis de mettre en évidence les limites d’une grande fosse circulaire de 7 m de diamètre. Au centre de cette dernière, fut érigée une maison en terre de forme quadrangulaire de 4m2 aux murs maintenus en élévation sur une hauteur d’environ 0,5 m. Les murs sont construits avec de la bauge ou nap-nap en wolof. Les couches de terre successives sont montées par apports de mottes de terre en biseau collées entre elles. La maison était pourvue d’une porte s’ouvrant au milieu du mur ouest, ainsi qu’une rampe d’accès plus loin (fig.2).

Figure 2 – Les fosses 1 au centre ; 2-3-4 périphériques et construites sous le mur de la maison et une rampe d’accès au fond à gauche, cliché : L. Laporte.
Figure 3 – Restes en mauvais état de conservation d’un enfant inhumé dans une fosse 1 au centre de la maison, Cliché, L. Laporte.

La maison en terre était surplombée d’un toit dont certaines des poutres calcinées ont été conservées et serviront d’éléments de datation. L’évènement intervient peu avant l’installation d’une sépulture d’enfant au centre de la maison. Il s’en suit le dépôt côte à côte d’un bol en céramique et d’une scorie métallique  au nord du monument. Trois autres fosses périphériques, respectivement à l’est (fosse 2), à l’ouest (fosse 3) et au nord (fosse 4), furent découvertes avec une ouverture qui passe sous les murs. Comblées avant la construction de la maison, le remplissage de ces trois fosses s’est révélé très pauvre en mobilier archéologique, et ne fournissent que quelques charbons de bois qui serviront dans la datation pour une fixation chronologique des événements de la vie du monument.