Monument I

Les ruines du monument I sont composées de deux cercles mégalithiques emboîtés, aux caractéristiques distinctes, associées à une ligne de sept pierres en position frontale, à l’est, parmi lesquelles figurent quatre pierres bifides. Dans le cadre du projet SEPSEN, quatre campagnes de fouilles ont concerné l’étude du monument et de ses abords, sur une superficiede 130 m², de 2008 à 2011.

Image12 – Deux cercles de pierres dressées marquent la ruine du monument I, à Wanar, en cours de fouilles. Cliché L. Laporte.

Ces ruines recouvrent une large fosse profonde de 50 à 70 cm, sur le fond de laquelle une autre fosse à l’embouchure plus étroite, en forme de four (ou de silo) et profonde d’un mètre environ, fut aménagée. Les dépôts sépulcraux ont été réalisés dans le comblement supérieur de cette dernière, avec d’abord le dépôt du corps d’au moins deux individus, qui se sont décomposés en espace vide et dont les ossements furent par la suite pour partie dérangés par l’apport de nouveaux ossements humains. Une perle en or, une autre en cornaline et six objets en fer – dont deux pointes de flèches – leur sont étroitement associés. Les produits de corrosion du fer ont conservé quelques poils qui attestent de la présence d’une fourrure, également. Puis intervient un nouveau dépôt correspondant aux ossements d’au moins 3 individus supplémentaires, associés à un petit anneau en or et à un bracelet en fer. Tout à fait à la fin, un petit caisson en matière périssable contenant les restes bien rangés de quatre autres individus fut placé sur une petite marche qui donne accès à l’intérieur de la fosse en forme de silo. Ces individus sont décédés au cours des XIe ou XIIe siècle de notre ère.

Image13 – Monument I de Wanar. La présence de spécialistes en anthropologie physique sur le terrain a permis une étude détaillée des ossements humains dans la tombe, avec des relevés précis où chacun de ces os a été numéroté et déterminé, tout en notant leur face d’apparition, par exemple. A la base d’une « pile d’ossements » le dépôt du corps de deux individus a ainsi pu être mis en évidence : il ne s’agit pas uniquement de dépôts secondaires. Au sommet de la couche sépulcrale, des effets de paroi indiquent par ailleurs la présence d’un caisson en matière périssable contenant des ossements appartenant à quatre individus différents. Cliché L. Laporte.

Un dôme de terre est ensuite érigé à cet emplacement, avant ou après l’implantation des monolithes constituant le cercle interne de pierres dressées. Bien plus courte et moins profondément enfouie que les autres, la pierre occidentale présente une forme ogivale dans sa partie supérieure. Jointifs, les 20 monolithes du cercle interne forment comme une palissade, enserrant un espace interne dont le sol fut ensuite couvert par une couche de gravillons latéritiques. Les 23 monolithes espacés qui constituent le cercle externe sont bouchardés sur toute leur circonférence, au même titre que les pierres frontales. Ils sont moins profondément enfouis que ceux du cercle interne, bien que culminant au même niveau, et formaient comme une colonnade autour du monument central, sans doute coiffé par un toit en matière périssable. Parmi les dépôts céramiques en façade, un grand vase cylindrique orné de cordons triangulaires, de 38 cm de diamètre et conservé sur environ 55 cm de haut, pourrait correspondre à une poterie faîtière. Un peu plus à l’écart, mais toujours à l’est, furent déposés un gobelet, un bol et deux vases à épaulement caréné, décorés de cannelures parallèles ou de bandeaux d’impressions torsadées.

Image14 – A droite, poterie faîtière écrasée en place devant la façade orientale du monument I de Wanar, puis restauré par le laboratoire Arc’Antique, à Nantes (cliché Arc’Antique), et actuellement déposé à l’IFAN. A gauche, une « case du chef de canton » conyagui (Guinée) dont le toit est supporté par un cercle de poteaux disjoints. Il s’agit alors souvent de la maison de personnages de haut rang (A – Cliché L. Palès 1947, Phototèque Musée du Quai Branly). Dans le nord du Cameroun, chez les Kapsikis, le toit de ces dernières est orné de poteries faîtières (d’après Seignobos 1990), que l’on dépose parfois aussi sur la tombe du défunt, surmontée d’une plateforme construite en pierre sèche (d’après Tchandeu 2009).

L’alignement frontal de pierres dressées compte quatre pierres bifides, toutes de morphologie différente. Cet alignement peut être divisé en deux parties, au nord et au sud, où deux pierres bifides encadrent un ou deux monolithes cylindriques. La pierre en lyre située au sud présente deux épaisses cannelures gravées juste au-dessus de sa base, sur la face tournée vers l’est.

Image15 – Alignement de pierres frontales, dont quatre pierres bifides, en façade et à l’est du monument I de Wanar. Cliché L. Laporte.