Monument II

Le monument II se trouve quelques mètres au nord du monument I. Les fouilles archéologiques réalisées dans le cadre du projet SEPSEN se sont étalées sur quatre campagnes de fouilles, de 2014 à 2017. Elles ont concerné l’étude du monument et de ses abords, sur une superficie de 90 m². La structure la plus ancienne correspond à un puits de 2 m de profondeur, pour un diamètre de 0,90 m à la base, dont le comblement contenait une poterie entière ainsi que la trace d’objets en bois carbonisés, datés par le radiocarbone du 9e ou 10e siècle de notre ère. L’enveloppe de la graine d’un fruit de rônier a été recueillie à la base de ce puits. Le recours à une étude du sol par le biais de lames minces observées au microscope (micromorphologie) a permis de valider les différences de terre observées par les fouilleurs et de préciser la séquence sédimentaire.

Image16 – Un puits à l’ouest du monument II. Coupe des remplissages superposés de la fosse de calage du monolithe 20 et du puits, chacune appartenant à des niveaux stratigraphiques distinctes. Des marches ont été creusées dans le substrat pour pouvoir fouiller la base de son remplissage en toute sécurité. Clichés J.-P. Cros, A. Ndiaye et L. Laporte. Dessins M. Gueye, L. Laporte ; DAO L. Quesnel, L. Laporte.

Le creusement d’une grande fosse funéraire est postérieur au comblement du puits. Elle mesure 0,70 m de profondeur, pour environ 5 m de diamètre. Sur le fond ouvre l’embouchure quadrangulaire d’une autre fosse, en forme de silo, qui mesure 1 m de profondeur. Son comblement n’a livré aucun dépôt particulier. L’embouchure de la fosse silo était scellé par un bouchon d’argile, au-dessus duquel furent déposés des ossements appartenant à au moins 7 individus différents : ils étaient contenus dans un espace quadrangulaire aux coins arrondis de deux mètres sur trois, avec un effet de paroi interne qui suggère la présence également d’objets en matière périssable. Peut-être est-ce le contenant qui a été déposé dans la fosse sépulcrale, et non les ossements eux-mêmes. Un bracelet en métal cuivreux et un fer d’arme de jet étaient directement associés aux ossements. Les ossements, ou des parties de corps, d’un autre individu furent déposés immédiatement à l’ouest de cette structure, au sein de cette large fosse sépulcrale en cours de comblement. Ces évènements interviennent au cours du 11e ou 12e siècle de notre ère.

Image17 – Monument II de Wanar. Vue de l’ouest. Au premier plan, l’embouchure du puits commence à apparaître. La fouille du monument II fait apparaître un niveau de sol constitué de gravillons latéritiques, au centre de la pièce et au sommet de la banquette, qui recouvre un dôme de terre accumulé au-dessus d’une plateforme en briques de terre crue scellant la fosse sépulcrale. Cliché L. Laporte.

Une plateforme en terre crue de forme quadrangulaire, parfois conservée en élévation sur plusieurs dizaines de centimètres, a été construite au centre et sur le comblement de la fosse sépulcrale. Elle mesure 2 m de large sur chacun de ses côtés, et se trouve légèrement décalée vers l’est par rapport à l’emplacement des dépôts sépulcraux précédents. Les corps de deux individus furent alors déposés sur le sol, et s’appuient contre le coin sud-ouest de la plateforme. Un fer d’arme de jet leur est associée. Peut-être aussi est-ce à ce moment que fut dressé un unique monolithe, la pierre occidentale. La mise en place d’un dôme de terre conique, recouvrant la plateforme quadrangulaire, se produit à un moment où ces deux corps avaient déjà largement commencé à se décomposer. Une lame de houe en fer, ou la houe elle-même, fut alors enterrée dans une petite fosse creusée au détriment du dôme de terre. De nos jours un tel instrument agricole est surtout utilisé pour la culture du riz.

Image18 – Lame d’outil aratoire recueillie lors de la fouille du monument II, à Wanar. Photo Adrien Delvoye, DAO Pierre Lamotte.

Après mise en place des monolithes constituant le cercle mégalithique, des murettes intercalaires furent ensuite construites, aboutissant à la constitution d’une plateforme dont le sol de gravillons latéritiques se trouve surélevé par rapport au niveau du sol protohistorique environnant. La présence de nombreux fragments de terres cuites architecturales, suggère la présence d’enduits internes en argile, selon une technique encore utilisée de nos jours pour la construction des maisons et des monuments funéraires en pays Bassari. Près de 200 charbons de bois ont été observés qui proviennent du monument II ou de ses abords. Sur l’ensemble des échantillons analysés, comme ailleurs sur le site, on retrouve les charbons de Pterocarpus, Prosopis/Afzelia, et Khaya senegalensis, qui sont des bois durs souvent utilisés pour la construction. Cette observation suggère la présence d’une charpente et donc de toitures. Probablement est-ce à ce moment là également que la pierre occidentale fut basculée vers l’intérieur du cercle de pierres dressées, alors qu’une pierre frontale était érigée trois mètres à l’est de ce dispositif. Trois vases furent ensuite déposés à l’envers, l’embouchure contre le sol, un mètre à l’est du cercle de pierres dressées.

Image19 – Restitution proposée pour les monuments mégalithiques aux monolithes étroits et allongés. Dessin Yan Bernard.