Ruines mégalithiques au Sénégal et en Gambie

Les mégalithes du Sénégal et de Gambie se présentent exclusivement sous la forme de pierres dressées. Il s’agit ici de blocs de latérite, de section cylindrique à trapézoïdale et soigneusement façonnés, extraits de carrières à ciel ouvert. Quelques-uns portent un décor en forme de disque en relief ou de cannelures horizontales. D’autres présentent un bouton ou une cupule sommitale. Ces pierres dressées sont souvent disposées en cercle, avec aussi quelques pierres dressées isolées ou alignées à l’est du cercle, en position frontale. Quelques-unes ont été façonnées avec deux branches montantes verticales issues d’un même fût. Parmi ces dernières, les pierres en lyre présentent un tenon reliant les deux branches montantes. Il est d’autres pierres frontales isolées ou associées au ruines d’autres types de monuments funéraires, les cercles ou tumulus pierriers. Les tumulus pierriers sont recouverts par une carapace de blocs de latérite. Parfois, cette dernière se réduit à une enceinte circulaire de blocs dépassant légèrement de la surface du sol. Le terme de cercle pierrier a alors été proposé. Les cercles mégalithiques sont constitués d’une, plus rarement deux voire trois enceintes circulaires de pierres dressées.

Image 4 – L’un des cercles mégalithiques parmi les plus imposants de tous ceux répertoriés au Sénégal et en Gambie, sur le site de Kodiam (monument n°52, sur le plan publié par Thilmans et al. 1980). La plus externe des pierres frontales pourrait peser jusqu’à une dizaine de tonnes. Cliché L. Laporte.

L’extension attribuée aux mégalithes du Sénégal et de la Gambie corresponds à  l’aire de répartition des pierres frontales, et s’étend sur 250 km d’est en ouest pour 120 à 150 km du nord au sud. Elle est limitée au nord par la vallée du Saloum, et s’étends au sud un peu au-delà du fleuve Gambie. Vers l’ouest, cette aire de répartition ne dépasse guère la vallée du Bao-Bolon, précédant les plaines littorales de la petite côte. Vers l’est, elle s’arrête au pied des collines séparant ce vaste plateau de la vallée du Falémé, affluent du fleuve Sénégal. C. Becker et V. Martin (2021) recensent ainsi près de 30 000 pierres dressées, réparties sur un peu moins de 2 000 sites archéologiques. Dans cette zone, les pierres d’enceinte de cercle représentent 50 % des mégalithes, les pierres frontales 30 % et les pierres isolées 20 %. On dénombre 1 053 cercles mégalithiques, 9 030 tombelles dont 2 181 possèdent des pierres frontales, et 3 517 tumulus dont 668 possèdent des pierres frontales. Plus des deux tiers des cercles sont composés de 10 à 19 pierres dressées et mesurent entre 3.,5 et 4,5 m de diamètre interne.  La hauteur apparente des monolithes varie de 0 m,30 à 1 m,50 au dessus du sol. Quatorze doubles cercles concentriques constituent des monuments rares dans la zone mégalithique. Une double ligne frontale a été reconnue sur 35 sites, alors que les pierres bifides sont au nombre de 52.

Image 5 – Mégalithes du Sénégal et de Gambie. A/ Plan du cercle mégalithique n° 25 de Sine Ngayene (Sénégal) et des sépultures qu’il recouvre (d’après Thilmans et al. 1980). B/ Pierre en lyre décorée d’un disque gravé à sa base, à Diam Diam (Cliché R. Mauny, archives de l’IFAN). C/ Carte de répartition des cercles mégalithiques (ronds rouges) et des pierres dressées isolées ou en position frontale (barres bleues), au Sénégal et en Gambie.

En près d’un siècle, entre 1891 et 1982, 60 monuments répartis sur 34 sites mégalithiques avaient fait l’objet de fouilles, quelques-uns de façon détaillée mais le plus souvent de manière assez expéditive. 46 d’entre eux au moins avaient livré des restes humains. La grande majorité des monuments fouillés correspondent alors à des cercles mégalithiques. Au milieu des années 2000, et en quelques années seulement, A. Holl fouille presque autant de monuments mégalithiques que tout ceux explorés précédemment, répartis sur trois nécropoles toutes situées dans la vallée du petit Bao Bolon (Holl, Bocoum 2017). La publication des fouilles ainsi réalisées sur le cercle double de Sine Ngayene, servira également de base de travail pour une périodisation du mobilier céramique par ailleurs proposée par A. Gallay (2010). Cet auteur avait précédemment intégré le fruit de ses propres études sur les mégalithes du Sénégal, au sein d’une proposition beaucoup plus générale sur les sociétés mégalithiques (Gallay 2006). Les études réalisées dans le cadre du projet de recherche SEPSEN ont conduit à un véritable changement de paradigme dans nos connaissances sur ces mégalithes. Ces fouilles archéologiques ont concerné 10 monuments répartis sur trois sites différents : Wanar et Soto, dans la région de Kaffrine, ou Tiekene Boussoura (Koumpentoum), dans la région de Tambacounda.

Bibliographie :

Les titres produits dans le cadre du projet SEPSEN sont répertoriés dans un onglet séparé.

GALLAY A. (2006) réédition 2011 – Les sociétés mégalithiques : pouvoir des hommes, mémoire des morts. Presses polytechniques et universitaires romandes, Le savoir suisse 37, Lausanne.
GALLAY A. (2010) – Sériation chronologique de la céramique mégalithique sénégambienne (Sénégal, Gambie), 700 cal BC – 1700 cal AD. Journal of african archaeology, 8 (1), pp. 99-129.
HOLL A.F.C., BOCOUM H. (2017) – Megaliths, Cultural Landscape, and the Production of Ancestors. Berlin, Éditions universitaires européennes, 301p.